« C’est un acte fondateur qui peut être amélioré dans le futur »

Les députés ont examiné et adopté la loi portant cadre juridique de la chefferie traditionnelle ce jeudi 13 mars 2025. Pour le député Natondé AKÉ, président du Groupe parlementaire Union Progressiste le Renouveau, la chefferie traditionnelle est reconnue par la constitution et en tant que telle, les députés ont joué leur partition en légiférant pour valoriser les rois et les chefs traditionnels. En votant cette loi, les députés ont posé un acte fondateur qui peut être amélioré dans le futur, a-t-il laissé entendre lors des débats généraux.
Lire ci-dessous ses propos.
« Merci M. le Président,
Je veux nous faire remarquer que nous sommes entrain de poser un acte fondateur, un acte fort ce jour à travers l’étude et sûrement l’adoption de cette loi. Et cet acte rentre dans une logique. N’oublions pas que la constitution de notre pays reconnait désormais la chefferie traditionnelle. La constitution ayant reconnu la chefferie traditionnelle, nous ne devons pas laisser la pagaille se poursuivre. Nous devons donner de la dignité à nos rois et chefs. Et pour leur donner cette dignité-là, c’est à travers le vote d’une loi. Mais comme la perfection n’est pas de ce monde, je comprends que tout le monde ne soit pas au même diapason par rapport au texte qui a été envoyé. Le texte qui a été envoyé, a été étudié et modifié par les collègues ; les experts qui ont travaillé dans le comité technique ont été reçus par nous et ont fourni des explications aux nombreuses questions que nous leur avons posées. Ça a permis à ce niveau, comme l’ont dit certains qui m’ont précédé, de ne pas nous arrêter en si bon chemin. Il faut commencer quelque part. Il faut avoir le courage de commencer et c’est en cela qu’il faut féliciter le Gouvernement du président Patrice TALON qui a l’habitude de se saisir des dossiers difficiles comme celui-ci. N’oublions pas qu’il y a eu d’autres dossiers avant qui ont été tranchés et qui ont fini par amener le sourire aux lèvres à tout le monde. Aujourd’hui nous avons les chefs-lieux de départements mais s’il n’avait pas eu ce courage gouvernemental, on serait encore au statu quo jusqu’à ce jour. N’oublions pas que nos rois et chefs traditionnels ont perdu de leur valeur à cause du non encadrement par la loi de la chefferie; à cause du fait que n’importe qui pouvait se lever et aller acheter des accoutrements pour s’autoproclamer roi ou pour se faire introniser roi. Et la précarité aidant, la plupart de nos chefs traditionnels étaient instrumentalisés par la politique. Je crois que le vote de cette loi va mettre fin à cet état de choses. Et c’est pour ça que je dis qu’en respectant ce que la constitution nous demande de faire, nous ne faisons que notre travail de député. Lorsque nos chefs traditionnels vont se retrouver dans leurs nouvelles attributions, dans leurs nouveaux pouvoirs; reconnus par la loi et accompagnés des avantages que cela implique, cela va changer quelque chose dans notre pays. Cela va aligner notre pays avec d’autres qui sont à côté de nous et qui ont déjà pris des dispositions pour reconnaitre leur chefferie. Quelqu’un a dit avant moi qu’au Nigéria, les rois et les chefs traditionnels ont une grande valeur. Il n’y a que chez nous où on fait danser nos chefs traditionnels au Palais de la Présidence ou dans des manifestations. Sinon les chefs traditionnels sont des personnes respectables. C’est pourquoi j’adhérais au fait qu’on interdise aux chefs traditionnels d’avoir un bord politique parce qu’ils sont là pour tout le monde. Ils doivent être ouverts à tous les courants politiques. Mais s’ils sont inféodés ; s’ils sont manipulés par des populistes, et bien, comment pourront-ils jouer ce rôle de tampon qu’ils doivent constituer dans la société?
Je pense que nous sommes entrain de faire une œuvre utile et j’invite tous les collègues à apporter leur soutien à cette loi. Même ceux qui ont déjà des consignes pour voter contre, savent quand même que c’est un acte fondateur qui peut être amélioré dans le futur parce qu’une loi n’est jamais fixée pour de bon.
M. le Président, je vais m’en arrêter là en félicitant la commission pour le travail qui a été fait parce que je sais qu’il leur a fallu des nuits blanches ; il leur fallu énormément de travail et beaucoup de patience et j’inviterai le Gouvernement à continuer le travail de recherche avec les techniciens. L’Etat étant une continuité, c’est sûr que dès que les travaux de recherche nous amèneront à découvrir qu’il faut améliorer la loi, l’Assemblée nationale se réunira encore pour pouvoir améliorer et corriger ce qui ne va pas.
Je vous remercie M. le Président. »