
Derrière l’absence de communiqué après la rencontre du 24 octobre, se dessinent les contours d’une négociation politique complexe sur l’avenir électoral du Bénin.
L’absence de toute déclaration officielle à l’issue de la rencontre entre Patrice TALON et Thomas Boni YAYI alimente interrogations et spéculations dans un contexte politique particulièrement tendu. Ce silence, loin d’être anodin, révèle la fragilité des négociations en cours et la difficulté à trouver un terrain d’entente satisfaisant pour les deux camps.
Des précédents qui éclairent
L’histoire récente des relations TALON-YAYI montre que les rencontres entre les deux hommes sont rares et souvent tendues. En août 2025, Boni YAYI avait déjà clarifié que sa dernière entrevue avec TALON remontait à plusieurs mois, précisant même que lors d’une rencontre au palais de la République, le président aurait déclaré: « Le pardon est une erreurToutefois, l’histoire montre aussi que les rencontres TALON-YAYI peuvent déboucher sur des gestes concrets: en juin 2022, à peine un jour après une entrevue entre les deux hommes, plusieurs personnes détenues pour tentative de déstabilisation avaient obtenu une libération
Entre dialogue et rapport de force
La rencontre intervient dans un contexte de crise : le duo candidat du parti Les Démocrates a vu sa candidature rejetée par la CENA suite à une décision de la Cour constitutionnelle qui s’est déclarée incompétente. Cette situation place Boni YAYI et son parti dans une position délicate à quelques mois de la présidentielle d’avril 2026.L’ancien président avait annoncé vouloir « examiner ensemble les voies de sortie de la crise actuelle » et insisté sur le fait que « c’est dans le dialogue que nous pourrons organiser des élections générales inclusives, transparentes et paisibles ». Mais le silence post-rencontre suggère que les positions restent éloignées.Le fait que le parti Les Démocrates ait dû démentir rapidement des rumeurs sur un supposé changement de candidature montre la nervosité ambiante et la volonté des deux camps de contrôler la communication autour de cette rencontre sensible.
Les perspectives
Ce dialogue dans l’ombre pourrait n’être qu’une première étape.Les confessions religieuses avaient d’ailleurs souhaité, dès septembre 2025, une rencontre entre les deux hommes pour contribuer à la décrispation de l’atmosphère socio-politique L’opinion publique béninoise reste dans l’attente de signes concrets d’apaisement : élargissement du champ politique, libération éventuelle de détenus politiques, ou assouplissement des conditions de participation électorale. Le silence observé après cette rencontre pourrait être le signe que les négociations se poursuivent en coulisse, loin des projecteurs et des pressions médiatiques.