PRÉSIDENTIELLE DE 2026 AU BÉNIN : Romuald WADAGNI, un choix judicieux pour la majorité?

La désignation de Romuald WADAGNI comme candidat de la mouvance présidentielle pour l’élection de 2026 au Bénin traduit une logique de continuité dans la gouvernance économique du Bénin. Ministre des Finances depuis 2016, WADAGNI incarne l’orthodoxie budgétaire et les réformes structurelles qui ont marqué le mandat de Patrice TALON.

Un profil technocratique assumé

À 52 ans, l’ancien cadre de la Banque mondiale possède une solide expertise dans la gestion des finances publiques et le pilotage des réformes économiques. Son bilan à la tête du ministère des Finances : assainissement des finances publiques, modernisation de l’administration fiscale, mobilisation de ressources – constitue son principal atout . Cependant, cette compétence technique reconnue suffira-t-elle à séduire un électorat parfois critique envers les politiques d’austérité et les réformes parfois douloureuses menées ces dernières années ?

Une candidature consensuelle au sein de la majorité?

Le soutien de Joseph DJOGBENOU, président de l’Union Progressiste le Renouveau et rival potentiel pour cette investiture, constitue un premier élément clé pour la cohésion de la majorité. Cette adhésion évite une bataille interne qui aurait pu fragiliser le camp présidentiel. Le communiqué du Bureau Exécutif National (BEN) du Bloc Républicain qui s’est réuni en session extraordinaire ce dimanche 31 août 2025, sous la présidence effective de Monsieur Abdoulaye BIO TCHANE pour valider ce choix en est le deuxième.Les récents accords entre l’UP-le Renouveau et le Bloc Républicain, matérialisés par la suspension des transferts de militants, semblent avoir préparé le terrain pour cette désignation consensuelle. Néanmoins, il faudra observer si cette unité de façade résistera aux tensions inhérentes à toute campagne présidentielle.

Des défis internes à surveiller

Malgré les apparences d’unité, des frustrations pourraient subsister au sein de certaines franges de la majorité.La gestion des ambitions personnelles et la répartition des responsabilités dans la future campagne constituent autant de défis à relever pour maintenir la cohésion.

Face à ce choix : quel candidat des Démocrates ?

Bien que constitutionnellement empêché de briguer un troisième mandat, Boni YAYI reste une figure centrale de l’opposition à travers son parti Les Démocrates.Son influence dans le choix du candidat de l’opposition sera déterminante.La question cruciale pour Les Démocrates sera de désigner un candidat capable de fédérer l’opposition et de porter efficacement la critique du bilan TALON-WADAGNI. Ce candidat devra allier légitimité politique, capacité de mobilisation et crédibilité face au profil technique de WADAGNI. L’opposition devra également gérer l’héritage complexe de Boni YAYI: capitaliser sur sa popularité résiduelle tout en se démarquant des critiques sur son propre bilan présidentiel.

Chances de victoire: les atouts et les faiblesses

Les points forts de WADAGNI

– Un bilan économique défendable avec une amélioration des indicateurs macro-économiques

– Le soutien de l’appareil d’État et de la majorité parlementaire

– Une image de compétence et de probité

– La continuité d’un projet de développement en cours

Les défis à relever :

– Une perception parfois technocratique qui pourrait le couper des préoccupations populaires

– La fatigue possible des électeurs après deux mandats de la même orientation politique

– Les effets sociaux des réformes économiques qui pourraient mobiliser l’électorat contre le bilan

– La nécessité de construire une image présidentielle au-delà de son profil ministériel

Vers une campagne sur le bilan économique?

Cette désignation préfigure probablement une campagne centrée sur les questions économiques et de développement. WADAGNI devra convaincre que les réformes engagées depuis 2016 méritent d’être poursuivies, tout en démontrant sa capacité à incarner une vision présidentielle globale.L’opposition, elle, tentera de capitaliser sur les éventuelles frustrations sociales et de proposer une alternative crédible à la politique économique actuelle.

Un choix qui engage l’avenir

En choisissant WADAGNI, la mouvance présidentielle fait le pari de la continuité et de la compétence technique. Le succès de cette stratégie dépendra largement de l’identité du candidat que choisira l’opposition et de sa capacité à incarner une alternative crédible.

La campagne de 2026 s’annonce donc comme un référendum sur le bilan de la décennie TALON, avec WADAGNI comme principal défenseur de cet héritage face à un candidat d’opposition qui reste à déterminer mais qui bénéficiera probablement du soutien et de l’expérience de Boni YAYI en coulisses.

Max Gaspard ADJAMOSSI

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