PRÉSIDENTIELLE 2026 AU BÉNIN :Trois jours, zéro dossier enregistré, la CENA ronge son frein

La scène aurait pu être celle d’une ruche bourdonnante d’activité. Mais ce vendredi 11 octobre, au siège de la Commission électorale nationale autonome (CENA) à Cotonou, le silence règne. Un silence étonnant, presque paradoxal, au regard du ballet sécuritaire et de l’effervescence organisationnelle qui caractérisent les lieux.

Un dispositif digne d’un grand rendez-vous démocratique

Dès l’approche du bâtiment qui abrite l’institution électorale, l’ambiance ne trompe pas : le Bénin se prépare à un moment crucial de son histoire politique. Les forces de sécurité, reconnaissables à leurs treillis kaki impeccables, ont été déployées en nombre. Leur présence rassurante témoigne de l’importance accordée à ce processus électoral par les autorités.À l’intérieur, le siège de la CENA s’est métamorphosé en véritable centre opérationnel.Une décoration sobre mais empreinte de solennité accueille les visiteurs dès le hall d’entrée.Des banderoles aux couleurs nationales rappellent l’enjeu démocratique du moment.Le personnel administratif, mobilisé au grand complet, affiche une disponibilité totale. Agents de protocole, équipes techniques, responsables de l’enregistrement: tous sont à leurs postes, prêts à enclencher la machine électorale.Dans un coin stratégiquement aménagé, une station d’enregistrement flambant neuve attend ses premiers « clients ». Des chaises alignées, des dossiers vierges soigneusement empilés, des ordinateurs allumés… Tout est en place. Tout, sauf l’essentiel : les candidats.

L’attente se prolonge : zéro dossier enregistré

Au terme des trios premiers jours , le constat est sans appel : aucun duo présidentiel ne s’est présenté pour déposer officiellement sa candidature. Les couloirs, préparés pour accueillir une affluence de personnalités politiques et de leurs délégations, sont restés étrangement déserts.Cette absence interpelle.S’agit-il d’une stratégie politique délibérée? Les candidats potentiels attendent-ils les dernières heures pour créer l’événement? Ou rencontrent-ils des difficultés à constituer les dossiers exigés par la législation électorale? Autant de questions qui alimentent déjà les spéculations dans les milieux politiques béninois.

Encore deux jours…….

La fenêtre de dépôt reste néanmoins ouverte. Du 10 au 14 octobre 2025, la CENA maintiendra son dispositif d’accueil pour permettre aux duos présidentiels de régulariser leurs candidatures. Ces cinq journées cruciales constituent le passage obligé pour tout aspirant à la magistrature suprême.Le cadre juridique ne souffre aucune approximation. Selon l’article 40 nouveau du Code électoral, modifié par la loi n° 2024-13 du 20 juin 2024, « la déclaration de candidature est présentée cent quatre-vingts (180) jours avant la date du premier tour pour l’élection du duo président et vice-président de la République ». Un délai qui positionne cette période de dépôt comme un moment-clé du calendrier électoral, à exactement six mois du scrutin prévu pour avril 2026.

Un parcours du combattant administratif

Pour prétendre briguer les suffrages des Béninois, les candidats doivent se soumettre à un arsenal de conditions rigoureuses. L’article 41 du Code électoral dresse une liste exhaustive des pièces constitutives du dossier de candidature- La quittance attestant du versement du cautionnement à la Caisse des dépôts et consignations, garantie financière de la sincérité de la démarche ;- Le certificat de nationalité béninoise, preuve irréfutable de l’appartenance à la communauté nationale ;- Le bulletin n° 3 du casier judiciaire, gage de probité morale et d’intégrité ;- Un extrait d’acte de naissance, document d’état civil fondamental ;- Un certificat de résidence, attestant de l’ancrage territorial du candidat ;- Le quitus fiscal des trois dernières années, démontrant la régularité de la situation fiscale ;- Les formulaires de parrainage dûment signés et validés par la CENA elle-même, mécanisme visant à garantir un minimum de représentativité politique.À ces documents obligatoires s’ajoutent des éléments d’identification politique : chaque duo devra préciser la dénomination et le logo de son parti politique ou, pour les candidatures indépendantes, les symboles distinctifs du binôme candidat.Ce dispositif, certes contraignant, vise à professionnaliser le processus électoral et à éviter les candidatures fantaisistes ou de dernière minute.

2026 : une triple échéance électorale historique

L’enjeu dépasse largement le cadre d’une simple élection présidentielle.Les élections générales de 2026 constitueront un moment démocratique inédit dans l’histoire politique du Bénin. Pour la première fois, les scrutins présidentiel, législatif et local se dérouleront de manière concomitante, représentant un véritable test grandeur nature pour la maturité démocratique du pays et les capacités organisationnelles de ses institutions électorales.Cette configuration exceptionnelle amplifie la responsabilité de la CENA, garante de la transparence, de l’équité et de la régularité du processus. L’institution, dirigée par son président et son collège de commissaires, a multiplié les assurances ces dernières semaines : tout sera mis en œuvre pour que ces échéances se déroulent dans les meilleures conditions possibles.

La CENA assure : « Nous sommes prêts »

Face au silence des canitats, les responsables de la CENA se veulent rassurants. « Notre institution a rempli toutes ses obligations. Le dispositif est opérationnel, les équipes sont formées et motivées. Nous attendons sereinement les candidats », confie un cadre de la commission, sous couvert d’anonymat.Selon nos informations, plusieurs formations politiques et personnalités auraient finalisé leurs dossiers mais choisiraient d’attendre pour des raisons stratégiques. Certains observateurs évoquent également la complexité du système de parrainage, qui pourrait retarder certaines candidatures.

Un suspense qui ne fait que commencer

Les prochaines 48 heures s’annoncent décisives. Le paysage politique béninois retient son souffle. Qui sera le premier à franchir les portes de la CENA ? Combien de duos se lanceront finalement dans la course à la présidence ? Les grands noms attendus seront-ils au rendez-vous ?Autant de questions qui trouveront leurs réponses d’ici mardi 14 octobre, date limite de dépôt des candidatures. En attendant, au siège de la CENA, les équipes restent mobilisées, les ordinateurs allumés, et l’espoir intact de voir affluer les prétendants à la magistrature suprême.Le chronomètre électoral, lui, continue imperturbablement son décompte vers avril 2026, quand les Béninois seront appelés à choisir leurs dirigeants pour les prochaines années. La démocratie béninoise, réputée pour sa vitalité en Afrique de l’Ouest, s’apprête à vivre un nouveau chapitre de son histoire

.La rédaction suivra de près l’évolution de cette période de dépôt et vous tiendra informés de chaque candidature enregistrée.

Max Gaspard ADJAMOSSI

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