
À peine quelques mois après la création de son parti Le Libéral, Richard Boni Ouorou semble déjà prêt à changer de cap. Le parti Le Libéral créé par ce jeune acteur politique, qui s’était voulu le porte-étendard d’une opposition « modérée », multiplie ces dernières semaines les signaux de rapprochement avec la mouvance présidentielle. Une tentative volte-face qui coïncide, de manière troublante, avec les démêlés judiciaires de Richard Boni OUOROU . Faut-il y voir un simple repositionnement stratégique ou le symptôme d’un système où la justice devient l’arme silencieuse du pouvoir ?
Une chronologie qui interroge
Mai 2025 : ouverture d’une enquête pour corruption d’agents publics liée aux conditions d’obtention du récépissé du parti Le Libéral.
Juin 2025: perquisitions au siège du parti, gel des comptes bancaires.
Juin-Juillet 2025: premières démarches de rapprochement politique avec la majorité présidentielle.
Ce calendrier alimente les soupçons d’un chantage politique déguisé. En quelques semaines, Richard BONI OUOROU est passé de la dénonciation mesurée du régime à une main tendue dans la perspective des prochaines échéances électorales. Officiellement, il s’agirait d’un choix de responsabilité. Officieusement, beaucoup y voient une tentative désespérée d’éviter une issue judiciaire défavorable.
Une stratégie à double détente
Les démarches récentes des responsables du parti Le Libéral tentent de justifier ce changement par des motivations d’intérêt général. Mais les observateurs restent sceptiques. La lecture dominante est celle d’un marchandage politique aux allures de reddition.
Le système TALON à l’œuvre ?
Depuis 2016, plusieurs figures de l’opposition béninoise ont connu ce qu’on pourrait qualifier de « piège institutionnel à trois temps»: ouverture d’une enquête judiciaire (souvent pour corruption, détournement ou blanchiment) ; proposition d’une réintégration dans la mouvance via un ralliement « pacifique » ; utilisation du rallié comme vitrine de démocratie pluraliste face aux critiques internationales.
Cette mécanique permet au pouvoir de montrer qu’il « tend la main », tout en affaiblissant durablement toute forme d’opposition crédible.Vers l’effondrement de l’opposition modérée ?Le cas BONI OUOROU n’est pas isolé. Mais il est symptomatique. Il incarne cette nouvelle génération de leaders post-dissolution des partis historiques (RB, PRD, etc.) qui rêvaient d’un dialogue avec le pouvoir sans renier leurs valeurs. Sa chute éventuelle acte un message clair : au Bénin, l’opposition légale et modérée n’a pas d’avenir.
Trois scénarios possibles peuvent se dessiner de cette situation- Le deal politique se realise :
Les charges sont abandonees, Le Libéral devient un parti satellite, Richard BONI OUOROU affiche un soutien minimaliste à la présidentielle de 2026.
-Le piège se referme : Ralliement accepté mais poursuites maintenues, BONI Ouorou est utilisé comme exemple pour « illustrer » la rigueur de la lutte anti-corruption
.-La rupture médiatisée : Des fuites sur des pressions subies exposent les négociations.L’opposant redevient un symbole malgré lui et subit son triste sort.
Un message clair aux jeunes leaders
Au-delà du cas BONI OUOROU, l’épisode envoie un signal glaçant aux jeunes figures politiques : nulle voix dissidente n’est tolérée sans répression judiciaire ou assimilation politique. La lutte contre la corruption, autrefois espérée comme levier de gouvernance éthique, se transforme peu à peu en outil de contrôle politique. Si Richard BONI OUOROU obtient en coulisse une forme d’immunité, il ne sortira pas grandi de l’épisode. Son parti, déjà marginal, ne survivra probablement pas à ce virage qui sera perçu pae certains comme une trahison. Mais le pouvoir, lui, pourra se targuer d’un nouvel argument : « même les opposants nous rejoignent ». Ce qui apparaitra soit comme acceptation par meme les opposants de la gouvernance de TALON ou encore comme une normalisation de la collusion entre justice et pouvoir, qui laisse peu d’espoir à une vie démocratique pluraliste réelle.